Ecrire un énoncé performatif

Les lettres et les figures de style prennent la plume et écrivent le poème.

L'énoncé performatif réalise une action par le fait même de son énonciation. 

 

Voici un exemple, extrait de "Lettres Folles", un poème de 38 vers libres.

 

"Consonnes et voyelles s'associent, fête folle

Dansent sur les phonèmes les plus extravagants... " 

 

Pour conter le défilé carnavalesque, les consonnes et les voyelles s'unissent et forment des mots aux sons variés, elles semblent s'amuser en écrivant des allitérations et des assonances. 

 

[…]

Sémillante anaphore, une autre farandole

Défile en sautillant, défile en zigzaguant.

 

Fier, le tambourin roule une allitération.

           La timide litote esquisse une escapade,

En veston d’hyperbole, elle conte parades,

Grandioses cavalcades, facéties insensées,

Joyeuse débandade et chars démesurés.

 (...) 

Messagers du passé, Colombine Arlequin,

Jongleurs et ménestrels, bouffons et baladins

Dénichent des sourires, présents d’un autre temps,

Vite les multiplient les semant à tout vent.  

[…]

Sur 10 pages, je vous explique comment j'ai écrit le poème, mot à mot. Je propose une lecture linéaire et nous analysons les arguments implicites. 

 

[…] Le tambourin se distingue, il parade sur un vers isolé afin de ne pas se mêler aux autres instruments.

Les sons émis par les roulements du tambour ressemblent à une allitération en consonne roulée [r]. « Allitérations » est une métaphore qui remplace « roulements de tambour ». J’écris le signe « allitérations » qui, lui-même, renforce une allitération en [r] « fier, tambourin, roule, allitérations ». C’est une nouvelle autonymie.

[…]

  

"Ce discours narratif a une fonction poétique, c’est un spectacle : je jongle avec les procédés littéraires.   

S’il permet à des élèves de retenir plus facilement le rôle de quelques techniques, il a aussi une fonction métalinguistique".  


Vous trouverez d'autres énoncés performatifs dans mes textes : 

 

Le sketch qui n'existe pas


« — Mon Sketch ! ... mais... tu pleures mon Sketch ? ... mais... pourquoi ? Dis-moi vite ! »

Maintenant le comédien s’adresse au sketch qu’il est en train d’interpréter, la situation devient absurde. Surpris, il utilise une suite de mots brefs. Il parle sur un ton protecteur « dis-moi vite ! », il répète l’attendrissant adjectif possessif « mon », une majuscule initiale transforme le nom commun en nom propre « Sketch. (...)

 Je n’ai jamais fait rire le public, je ne sers à rien... je ne suis pas un vrai Sketch, je n’existe pas ! »

 

Donnez !

 

Je souhaite amuser les spectateurs en écrivant un énoncé performatif, le comédien interprète un sketch qui s’écarte du bon sens et il déclare : « j’ai donné ma raison, voyez ce que cela donne ». (...)

"Je vous donne ma parole, je vais me donner en spectacle"

 

Traces

 « [...]  Sur un cahier ouvert, mais tendez-lui la main

Dépoussiérez les vers, relisez le quatrain.

 La plume et l’encrier, la chandelle empressés

 Le rythme retrouvé, des rimes embrassées [...] 

 

Je demande au destinataire de relire les vers afin de tirer profit de l’expérience des anciens, de consoler la plume et de câliner le cahier en écrivant, de faire vivre l’œuvre au-delà de la mort de l’auteur « dépoussiérez les vers ».

J’écris « des rimes embrassées » et, dans la strophe suivante, profitant de la polysémie du mot, je remplace réellement les rimes suivies par des rimes embrassées « instant / lumière / poussière / temps », c’est un énoncé performatif. »

 

Perpendiculaires

 

 « La jeune fille a passé les épreuves de français et, depuis, elle aime se remémorer le texte qu’elle a commenté le jour de l’examen. C’est ainsi qu’elle s’évade, se récitant « Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d’une grive... » de Chateaubriand.

Je m’approprie l’extrait et c’est Adeline qui est tirée de ses réflexions par le gazouillement d’une grive. »

 


 Quelques-unes des notions citées dans l'étude du sketch :

 

une autonymie,

la fonction poétique, la fonction métalinguistique,

l’isotopie,

une allitération, une assonance, un phonème,

un rythme croissant, un rythme binaire, un rythme quaternaire, un accent de groupe, un accent tonique, un accent d’insistance, une mesure,

une thèse implicite,

une métaphore annoncée, une métaphore directe, une hyperbole, une personnification, une anaphore, une litote, un oxymore ou oxymoron, une métonymie, une synecdoque,

un paréchème, une homéotéleute,

un discours narratif, un discours argumentatif,

un superlatif, le sens littéral,

un connecteur 

un signe, un signifiant.


Découvrez l'analyse complète de ces textes dans mes recueils : 

 

L'Analyse approfondie du poème, de l'élaboration à l'interprétation

Edition 2022

 

Un poète vous explique comment il utilise les procédés littéraires

Tome 1 - Edition 2018

 





Les Fleurs, les Ronces et la Cigüe. Poèmes et textes courts
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