Lorsqu’il s’exprime, l’émetteur poursuit un objectif, il donne une fonction à son message.
La fonction référentielle, c’est le langage utilisé pour transmettre des informations de manière objective.
La fonction émotive ou expressive permet d’exprimer les émotions, les sentiments, les attitudes par rapport au sujet abordé.
La fonction conative vise à provoquer une réaction de la part de l’interlocuteur, à influencer son comportement.
La fonction phatique sert à attirer ou à maintenir l'attention de l'interlocuteur.
La fonction poétique produit un effet esthétique, avec un travail sur les sonorités, sur le rythme et sur les images…
Avec la fonction métalinguistique, le langage explique ses propres règles ou ses caractéristiques.
Dans mon ouvrage "Analyse approfondie du poème...", j'explique comment j'ai écrit « Le Sketch qui n’existe pas », un sketch absurde.
Sur 9 pages, nous analysons l’allégorie. Ensuite, sur 4 pages, je réponds aux questions d’une élève à propos des six fonctions du langage, telles que définies par le linguiste Roman Jakobson. J’explique comment j’utilise différentes techniques afin que le comédien retienne l’attention du spectateur.
" Crystal — C’est difficile d’écrire « Un sketch qui n’existe pas » ?
— A chaque instant, j’ai deux objectifs en tête : je dois persuader le public et je dois le distraire (j’écris un texte argumentatif et j’écris un sketch).
La qualité du contact est déterminante ; l’énoncé de ce discours oral a une fonction phatique, il faut que je mobilise l’attention du spectateur du premier au dernier mot.
Fonction phatique apparente, quand je fais semblant de vouloir garder le contact avec le sketch, mais fonction phatique réelle quand j’ai recours à différents
artifices pour que l’attention du spectateur ne se relâche pas."
[…] Le sketch met en évidence sa propre détresse et le comédien livre ses sentiments. Leurs propos ont une fonction expressive, mais, en fait, je m’adresse au public. Quand je fais semblant de motiver mon sketch, j’essaie de mobiliser le spectateur pour qu’il défende, lui aussi, ma thèse. Après la fonction phatique, il faut donc voir une fonction conative, en corrélation avec la fonction expressive.
(...)
Crystal – Fonction phatique, expressive, conative, poétique… tu pourrais m’expliquer ?
— Essayons de déterminer le rôle de chaque élément.
« Le comédien regarde côté cour (...) ; silence ; d’un pas hésitant (...) ; la voix du comédien enregistrée ; le comédien face au public ; le comédien enchaine sur le sketch suivant ».
Les didascalies ont une fonction référentielle, elles nous donnent des informations indispensables sur la situation.
[...]
"Lettres folles", est un poème de 38 vers libres.
Nous étudions l'énoncé performatif et les thèses implicites.
" [...] Les confettis volètent, neige versicolore,
Moquettent l’avenue, tissent des métaphores.
Des faux nez grimaçants, grosse tête en carton,
Ravissante laideur, oxymoron bouffon." [...]
"Ce discours narratif a une fonction poétique, c’est un spectacle : je jongle avec les procédés littéraires. S’il permet à des élèves de retenir plus facilement le rôle de quelques techniques, il a aussi une fonction didactique et une fonction
métalinguistique."
"La Vie, à grands pas", un poème de 16 vers libres.
" [...] Le plus triste dans la vie,
C’est (...)
Leur cœur vous a cherché
Mais n’a jamais trouvé [...] "
"Je donne une fonction conative à mon discours.
Avec ce « vous », deuxième personne du singulier, j’abandonne les pronoms neutres et j’accuse directement mon personnage.
Mais le « vous » a une portée plus large, deuxième personne du pluriel, il pourrait concerner des lecteurs."
"Traces", un poème de 18 vers.
Nous étudierons plus particulièrement la situation initiale, l’isotopie de l’absence, l’argumentation implicite et le discours injonctif.
« [...] Sur un cahier ouvert, mais tendez-lui la main
Dépoussiérez les vers, relisez le quatrain.
La plume et l’encrier, la chandelle empressés
Le rythme retrouvé, des rimes embrassées [...] ».
"Je prête une fonction conative aux deux dernières strophes. J’interpelle le lecteur avec l’emphase « mais » et avec l’accumulation de verbes à l’impératif. J’essaie de l’attendrir avec le champ lexical des retrouvailles « tendez la main, empressés, retrouvé, embrassées ».
Je demande au destinataire de relire les vers afin de tirer profit de l’expérience des anciens, de consoler la plume et de câliner le cahier en écrivant, de faire vivre l’œuvre au-delà de la mort de l’auteur."
Quelques-unes des notions citées dans l'étude du sketch :
la performativité,
un raisonnement inductif, un discours argumentatif, un argument basé sur des valeurs morales, un argument qui touche l’affectivité, un argument ad hominem,
le genre théâtral, une didascalie, un dialogisme,
une antilogie, une répétition, une hyperbole, une anaphore, une gradation, une symploque, un chleuasme, une antilogie, une homéotéleute, une allégorie, une homéotéleute,
une allitération,
l’absurde,
un sketch moralisateur
un registre pathétique, un registre lyrique, un registre épidictique, un registre comique,
la fonction expressive ou émotive,
la fonction conative ou impressive ou injonctive ou implicative,
la fonction métalinguistique,
la fonction phatique,
la fonction poétique,
la fonction référentielle ou dénotative.
Découvrez l'analyse complète de ces textes dans mes recueils :
L'Analyse approfondie du poème, de l'élaboration à l'interprétation
Edition 2022
Un poète vous explique comment il utilise les procédés littéraires
Tome 1 - Edition 2018
Voici quelques courts extraits de textes étudiés dans l'ouvrage :